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Pourquoi Trump veut libérer Ross Ulbricht, le fondateur de Silk Road

De toutes les élucubrations de Donald Trump, celle-ci a de quoi surprendre : l’ancien locataire de la Maison-Blanche, en quête d’un nouveau bail, promet de gracier Ross Ulbricht, le cerveau derrière Silk Road. Le bonhomme croupit pourtant depuis onze ans dans une cellule, condamné pour ses aventures numériques sur le darknet.

Trump, en quête d’un retour triomphal sur Pennsylvania Avenue, joue la carte de la séduction auprès des investisseurs crypto, que Joe Biden a quelque peu délaissés. Pour marquer son territoire, le magnat de l’immobilier a lancé des tirades passionnées, promettant de faire des États-Unis le leader mondial du bitcoin et des cryptomonnaies s’il est réélu. Et, en bon commercial, il a commencé à accepter des dons de campagne en Bitcoin, Ethereum, Dogecoin, et même Shiba Inu. Rien que ça !

Mais le coup de théâtre a eu lieu le 25 mai dernier, rapporte CoinDesk. Devant une foule enfiévrée à la Convention nationale du parti libertarien à Washington, Trump a sorti de son chapeau une promesse choc : « Si vous votez pour moi, dès le premier jour, je commuerai la peine de Ross Ulbricht. Il a déjà purgé 11 ans, nous allons le ramener à la maison. »

Pour les non-initiés, Silk Road n’était rien de moins qu’un supermarché de l’illégal sur le darknet, actif de 2011 à 2013. Un paradis pour les trafiquants de tout poil, de la drogue aux armes, avant que le FBI ne mette fin à la récréation en arrêtant Ulbricht, alias « Dread Pirate Roberts », le 1er octobre 2013. En bonus, ils ont mis la main sur un joli pactole : plus de 140 000 bitcoins, dont une bonne partie a fini dans les caisses de l’oncle Sam.

Deux ans après cette arrestation spectaculaire, Ulbricht a été jugé coupable par un tribunal fédéral pour une ribambelle d’accusations, allant du trafic de drogue au blanchiment d’argent. Résultat : une double peine de prison à perpétuité, soit quarante ans sans possibilité de libération conditionnelle. Pas vraiment le genre de sentence qui laisse espérer une sortie anticipée.

Ross Ulbricht, un scout durant son adolescence - Source : X
Ross Ulbricht, un scout durant son adolescence – Source : X

Pourtant, la communauté crypto n’a pas oublié Ulbricht. Considéré comme un martyr et un détenu modèle dans sa prison de Tucson, ses partisans espèrent que seul Trump pourrait lui rendre sa liberté.

Mais pourquoi cet intérêt soudain pour Ulbricht ? Et qui est-il vraiment ?

Goku, informateur dévoué sur la plateforme X, a récemment dressé un portrait détaillé de ce personnage controversé. « Libre et anonyme, Silk Road a rapidement servi à vendre de nombreux produits illicites, générant plus d’un milliard de dollars de vente… » écrit-il. Un étudiant brillant mais marginal, Ross Ulbricht, surnommé « Rossman » par ses proches, n’avait pour seul défaut qu’une passion dévorante pour l’herbe et une conception très personnelle de la liberté. Diplômé en 2009, ses tentatives dans le trading et le jeu vidéo ont fait long feu.

La découverte du bitcoin, alors une curiosité numérique, a été le déclic. Voyant le potentiel de cette monnaie virtuelle, Ulbricht a lancé Silk Road, une plateforme où l’on pouvait acheter tout et n’importe quoi : champignons hallucinogènes, médicaments sous surveillance électronique, cocaïne colombienne, héroïne afghane, et j’en passe. Géré depuis son ordinateur portable, le site a rameuté une communauté de fidèles et a prospéré jusqu’à l’intervention du FBI.

Silk Road, le rêve de liberté des dealers - Source : X
Silk Road, le rêve de liberté des dealers – Source : X

L’arrestation de DPR a été une aubaine pour les autorités : 144 000 bitcoins saisis, qui ont enrichi le trésor américain. Et voilà que Trump, en quête de nouveaux appuis, pourrait bien voir en Ulbricht un allié de poids pour faire fructifier les caisses de l’État en bitcoins s’il revient aux commandes.