Le réseau SWIFT, après avoir senti le souffle du Web3 et de la blockchain sur ses épaules, a fini par succomber aux sirènes des actifs tokenisés du monde réel (RWA). Au programme : régler les menus soucis d’interopérabilité entre les différentes régulations, et surtout s’assurer que personne ne reste à quai dans le grand train de la finance digitale.
Pas de surprise donc, le bon vieux SWIFT – acronyme de “Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication” – qui se contentait jusqu’ici de faciliter les virements bancaires, se met à la page du Web 3.0. Dans un communiqué bien poli, ils nous promettent de “rationaliser les mouvements mondiaux d’actifs et de monnaies numériques”, après quelques années de tests et d’”expériences novatrices”. Pourquoi résister à l’attrait croissant des actifs et monnaies numériques ? Après tout, qui ne serait pas tenté par la nouveauté ?
SWIFT a, en toute discrétion, exploré depuis des années de potentielles solutions pour résoudre l’épineuse question de l’interopérabilité mondiale des monnaies numériques de banque centrale (CBDC) et des actifs tokenisés. Ils en sont arrivés à des projets de recherche de pointe, unissant toute l’industrie pour réfléchir à comment leur infrastructure pourrait bien supporter cette interopérabilité entre différentes classes d’actifs et types de réseaux. Tout ça en restant bien ancrés dans leurs vieilles routines.
Et ils ne comptent pas s’arrêter là. SWIFT, qui représente tout de même 11 000 institutions financières à travers le monde, et gère quotidiennement plus de 50 millions d’ordres de paiement, vise encore plus haut. On parle désormais de transactions Delivery-versus-Payment (DvP) et Payment-versus-Payment (PvP), le tout via leurs infrastructures existantes. Ça sent la révolution ! Mais attention, les développeurs de SWIFT préfèrent tempérer notre enthousiasme : tant qu’il n’y aura pas une monnaie numérique acceptée partout, les monnaies fiduciaires resteront les stars de leurs premiers tests.
Et SWIFT ne s’arrête pas là. Le réseau reconnaît que l’interconnexion des réseaux bancaires émergents est un autre défi de taille. Ces “îlots numériques”, comme ils les appellent, menacent de se multiplier. L’enjeu est de taille : un marché qui pourrait peser 30 000 milliards de dollars d’ici 2034, selon un rapport de Standard Chartered et Synpulse. Il n’est donc pas surprenant que des géants comme Goldman Sachs rêvent déjà de submerger l’Europe avec des actifs tokenisés.