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La Wallonie “prudente” avec la blockchain, investit un “budget serré”

Interpellé sur les implications réelles du nouveau programme blockchain wallon, DigitalWallonia4.Trust, le ministre régional de l’Économie et du Numérique, Willy Borsus (MR), a exprimé de bonnes intentions sans grandes précisions.

Une communication politique visiblement inspirée par la cryptographie, cette science du secret permettant de maîtriser ce que l’on dévoile ou non au monde. Willy Borsus, grand absent lors du lancement officiel de la nouvelle stratégie blockchain de la Wallonie, a étonnamment répondu de façon élusive aux demandes de précisions.

Le député Les Engagés Jean-Luc Crucke avait en effet adressé par écrit au ministre wallon de l’Économie, de la Recherche et de l’Innovation et du Numérique (pour se limiter à quelques compétences pertinentes de son opulent portefeuille ministériel) une série d’interrogations ciblées sur les modalités concrètes de DigitalWallonia4.Trust. Le parlementaire semblait trouver fort évasive l’initiative blockchain du gouvernement wallon.

Quid de l’échéancier et des prochaines étapes, des objectifs concrets en termes de résultats, de l’allocation du subside d’1,3 million d’euros accordé sur une enveloppe promise de 3 millions, de l’analyse de l’Agence wallonne du Numérique et du rôle du réseau WalChain, aurait aimé savoir plus en détail le mandataire Les Engagés.

Objectifs indéfinis et budgets serrés ?

Le ministre Borsus a entamé sa réponse écrite, espérée plus chirurgicale sur l’opération blockchain, par une déclaration d’intentions somme toute très générique. Il a d’emblée remémoré l’objectif de « stimuler le développement de la technologie blockchain en Wallonie en augmentant le nombre de projets et en suscitant un intérêt accru de la part des entreprises ». Sans rentrer dans les paramètres d’évaluation de la réussite du programme, les résultats attendus et les éventuelles retombées industrielles ou économiques, il a simplement évoqué un « reporting détaillé », des « objectifs spécifiques » et une « méthodologie claire ».

Le « Mr Numérique » de l’exécutif wallon ambitionne au travers de l’initiative DigitalWallonia4.Trust « des bénéfices concrets pour les entrepreneurs », tout en évitant d’identifier des éléments pratiques mais énumérant plutôt « des preuves de concept, des cas d’usages exemplatifs, des analyses approfondies et des formations ». Tout un engagement politique méritoire, celui d’offrir à nos acteurs économiques les ressources nécessaires pour exploiter positivement la blockchain, qu’il reste à démontrer.

Interpellé sur le budget réservé aux porteurs du projet, le ministre de l’Économie ne s’est pas montré plus prolixe. Plus un mot sur l’investissement de 3 millions d’euros évoqué originellement, dont le montant laissait déjà penser qu’il serait très vite consommé. Alors que Willy Borsus avait cité en avril des financements supplémentaires consentis en complément des budgets disponibles dans le Plan de relance de la Wallonie, en fonction des performances et retours du terrain. « Les conditions d’attribution du subside sont identiques aux autres subventions facultatives accordées par le gouvernement wallon dans le cadre du Plan de relance », a-t-il lapidairement répondu au député.

La recette blockchain : ateliers, collaborations et testnet

L’échéancier du programme blockchain wallon n’a pas non plus gagné en clarté après l’échange parlementaire. « Le calendrier s’étend de 2023 à 2024 comprenant des phases de sensibilisation, la création d’un testnet pour le développement de preuves de concept et le lancement d’un appel à projets en 2024 », a signalé le ministre de l’Économie.

Première indication substantielle dans la réponse du ministre, un testnet est une version alternative d’une blockchain servant d’environnement « laboratoire » afin d’expérimenter, sans risques et sans impact, des changements au niveau du code. Cela étant dit, Willy Borsus avait annoncé en commission au Parlement que le déploiement du testnet avait commencé en juillet, suite à la refonte partielle du projet, la réorganisation des partenariats et des actions ainsi que l’identification des prestataires de services pour gérer cette blockchain de test. « Ce point représentait un véritable défi », avait concédé le ministre. Reste à savoir si cet obstacle technique a été surmonté.

Point positif aux yeux de la communauté crypto, pour parvenir à ses fins, le gouvernement régional dit accorder un « rôle central » à WalChain, le réseau d’acteurs blockchain wallons qui propose un service de conseil pour aider à la mise en œuvre des technologies et des modèles économiques associés.

« Nous mobiliserons de manière proactive l’ensemble des acteurs en capitalisant sur l’écosystème blockchain fédéré par la communauté WalChain. Des activités telles que des ateliers et des conférences seront organisées pour sensibiliser et générer des résultats concrets », a affirmé Willy Borsus, aspirant au développement de l’environnement blockchain en encourageant les collaborations, en mettant en avant les compétences locales et en améliorant la visibilité des projets.