MikaLa régulation MiCA, ce couteau suisse de la crypto, a un avantage et un inconvénient. D’un côté, elle assainit le marché des cryptomonnaies sur le vieux continent, de l’autre, elle colle des rustines géantes aux géants du secteur. Le dernier à en faire les frais ? Tether, l’émetteur du stablecoin USDT, qui a décidé de jeter l’éponge et de retirer sa précieuse monnaie du circuit européen d’ici la fin de l’année.
La régulation MiCA semble avoir de bons résultats en Europe, après son adoption. Sauf que, comme toute rose qui se respecte, elle a ses épines. La plus saignante pour les stablecoins comme l’USDT : pour continuer à tourner en Europe, leurs émetteurs doivent garder 60 % de leurs réserves dans des banques locales. Et là, problème : ces banques, pour faire tourner la machine, peuvent prêter jusqu’à 90 % de ces réserves. C’est un peu comme demander à un plongeur de garder son souffle tout en buvant de l’eau. Inévitablement, des soucis de liquidité s’annoncent. Est-ce la raison de la démission de l’USDT ?
Selon CryptoSlate, le stablecoin de Tether, champion des transactions numériques, va disparaître des plateformes européennes dans une semaine, soit le 30 décembre, juste avant le réveillon. Cette disparition coïncide avec l’entrée en vigueur de la MiCA, qui tombe comme un couperet. Et, faute de licence en règle, Tether n’a pas d’autre choix que de faire marche arrière, malgré son statut de leader mondial. D’où la grogne dans le secteur.
“Une grande partie des crypto-actifs s’échangent contre l’USDT de Tether. Forcer les investisseurs à passer à d’autres stablecoins ou monnaies fiduciaires crée des inefficacités et gonfle les coûts des transactions“, explique Pascal St-Jean, PDG de 3iQ Corp. Une analyse qui a de quoi faire grincer des dents, car ça va secouer un peu plus la danse des cryptos dans l’UE.
L’exchange OKX n’a pas attendu la fin de l’année pour prendre les devants et délistait déjà l’USDT de son offre. Résultat, cette mesure risque de faire un joli boucan et de freiner l’adoption des cryptomonnaies en Europe. En revanche, des rivaux comme l’EURC de Circle ou l’EURCV de Société Générale pourraient bien en profiter. Et Tether, qui joue depuis des années dans la cour des grands, devra trouver un terrain de jeu plus accueillant. Un pari risqué pour l’Europe, qui se coupe d’un leader et fait la place à des challengers.
