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L’ex-PDG de Celsius, “entrepreneur maladroit”, écope de 12 ans de prison

Le verdict est tombé, et il est lourd : 12 ans de prison ferme pour Alex Mashinsky. La communauté crypto, elle, anticipait une sanction bien plus sévère – vingt, voire trente ans pour ce qu’elle considère comme une trahison monumentale.

Le fondateur de Celsius, longtemps figure respectée de l’écosystème, n’a cessé de clamer son innocence. Même après l’effondrement de sa plateforme, il se présentait encore comme un simple entrepreneur dépassé par les événements. Mais pendant que le monde découvrait les méfaits de FTX, Mashinsky tentait de tirer avantage du chaos ambiant. Il maquillait les failles, évitait les projecteurs, vendait en douce ses propres jetons CEL, et affirmait que Celsius allait bien.

Le mythe s’effondre en juillet 2023, lorsque les autorités l’arrêtent à New York. Sept chefs d’accusation sont retenus : fraude, manipulation de marché, mensonges aux investisseurs. Celsius, qui promettait jusqu’à 18 % de rendement annuel, a provoqué près de 7 milliards de dollars de pertes. Des milliers d’utilisateurs ont perdu leurs économies, leur maison, parfois même leur santé mentale. L’investisseuse Rachel Wolfson l’explique dans sa lettre au juge : « Mashinsky a causé de la douleur à des millions d’investisseurs. Certains n’ont pas survécu à cette débâcle. »

Le procès, très suivi, devient rapidement un théâtre. La défense plaide la maladresse d’un innovateur mal entouré. Le parquet, lui, réclame 20 ans de prison. Le juge tranche au milieu, sans pour autant adoucir le portrait : Alex Mashinsky a menti sciemment, et à répétition. L’affaire rappelle immanquablement celle de Sam Bankman-Fried, ex-patron de FTX, condamné à 25 ans.

Clash de récits, guerre de mots

Le procès aura surtout été le lieu d’un affrontement verbal d’une rare intensité. D’un côté, les victimes. Elles décrivent des ravages économiques et psychologiques. L’une d’elles hurle dans sa lettre : « Ne le laissez pas s’en sortir ! J’ai perdu ma retraite, et ma vie sociale. » Un autre écrit simplement : « Jetez-lui le livre à la figure. »

De l’autre, les avocats de Mashinsky. Ils décrivent un homme « torturé par ses fautes », un ancien soldat « victime de ses idéaux mal exécutés », un pionnier crypto devenu « bouc émissaire d’une industrie en crise ». La défense qualifie la peine requise de « mort en prison pour un primo-délinquant non violent ».

Mais la justice a tranché. La communauté crypto pleure ses illusions. Comme pour FTX, des scénarios de remboursement progressifs et raisonnables sont attendus.