La SEC s’oppose à une réglementation crypto américaine

L’organisme fédéral, très impliqué ces derniers temps dans la régulation du marché des cryptomonnaies, affirme vouloir protéger les investisseurs. Du côté des acteurs de l’industrie crypto, le ton monte. 

La guerre des cryptos bat son plein aux Etats-Unis. Alors que le pays réfléchit à une nouvelle réglementation de l’industrie des crypto-actifs, la Securities and Exchange Commission (SEC) s’y oppose. Son patron, Gary Gensler, a déclaré lors d’une conférence organisée ce jeudi 6 avril par le Council of Institutional Investors, une association qui défend les droits des investisseurs, que les lois de régulation “existent déjà”. Avant d’ajouter : “Il n’y a rien d’incompatible entre la crypto et les lois actuelles sur la valeur mobilière”. En clair, ce dernier souhaite intégrer les crypto-actifs dans les compétences de la SEC, en tant que “securities”, c’est-à-dire de valeurs mobilières. Or, les cryptomonnaies et autres NFT ne sont pas considérés comme tel aux Etats-Unis. Pour le moment.

La prise de position de Gary Gensler semble être en dissonance avec les agissements de son organisme à l’encontre des acteurs du milieu. Terraform Labs, Kraken, Ripple, ou encore Beaxy, ces derniers mois, la SEC s’est montrée particulièrement offensive contre les plateformes d’échanges. Des opérations aux airs de croisade, justifiées par son patron le 29 mars dernier, dans son témoignage devant le sous-comité des services financiers : “Nous avons vu le Far West des marchés de la cryptographie, en proie à la non-conformité, où les investisseurs ont mis en danger des actifs durement gagnés dans une classe d’actifs hautement spéculative”.

Un organisme décrié

Pourquoi alors s’opposer à une nouvelle réglementation du marché des crypto-actifs ? D’autant que certains acteurs du milieu sont les premiers demandeurs d’une nouvelle législation. A l’image de Paul Grewal, le directeur juridique de Coinbase, qui a exhorté mi-mars le Congrès américain à mettre en place une nouvelle régulation. “Nous avons besoin que les décideurs politiques travaillent ensemble pour développer un cadre complet qui offre aux clients des voies d’accès à la fois aux produits d’actifs numériques et aux titres d’actifs numériques aux États-Unis”, a-t-il souligné.

D’autres, comme Brad Garlinghouse, le PDG de la plateforme Ripple, craignent que les attaques répétées de la SEC ne poussent les sociétés cryptos à fuir les Etats-Unis. “Je l’ai déjà dit, et je le répète – le déplacement de la cryptographie à l’étranger n’est pas bon pour l’innovation américaine. Point final”, a-t-il tweeté le 3 mars en réponse à son interview sur Bloomerg. A titre d’exemple, la plateforme d’échange Bittrex a annoncé fin mars la fin de ses activités sur le territoire américain.

Actions justifiées ou volonté de dominer à elle-seule la régulation des crypto-actifs sur le territoire ? Selon son témoignage, Gary Gensler semble en tout cas déterminé à perpétuer les actions de la SEC, afin de “protéger les investisseurs”. Une justification qui ne passe pas aux yeux de Brad Garlinghouse si l’on en croit son tweet du 30 mars dernier :  “Lorsque vous vous comportez comme un autocrate dirigeant une agence gonflée à 2,2 milliards de dollars, pourquoi voudriez-vous clarifier ce qui est “in ou out” ? Sans compétence claire, l’ambiguïté se fait passer pour le pouvoir. Relisez cela”. Ambiance.

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