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Les cryptomonnaies séduisent en particulier ceux qui ont fait des études en Economie

Nouveauté dans la littérature scientifique, le fait d’être diplômé en économie et le fait d’investir dans les cryptomonnaies entretiendraient désormais une relation positive, épinglent des chercheurs de la KULeuven et de l’ESCP Business School.

« Avoir étudié l’économie joue un rôle dans l’investissement dans la crypto », soutient la récente analyse intitulée Who arrives early and late to the crypto market party, « particulièrement pour les derniers arrivants » sur le marché du bitcoin. Le quatuor d’économistes emmené par Hans Degryse, professeur de finance à la KULeuven, et son homologue de l’ESCP Business School de Paris, Alberta Di Giuli, a sondé un échantillon représentatif de la population aux Pays-Bas pour distinguer les caractéristiques entre adeptes précoces et tardifs des crypto-actifs.

Par exemple, comme évoqué précédemment, les personnes qui suivent l’avis de leur banquier ont moins tendance à considérer les cryptos comme une « bonne opportunité d’investissement ». Cette fois, le lien établi entre les théories économiques et les pratiques de placement crypto pourrait sembler contre-intuitif. Compte tenu de la technicité des cryptomonnaies, on s’attendrait plutôt à une corrélation avec des études universitaires plus techniques, à l’instar d’un diplôme en informatique.

Sensibilités techniques

Le niveau d’études influence évidemment les décisions d’investissement mais il est intéressant d’observer que celles et ceux formés en IT affichent un rapport négatif avec le fait de miser sur les cryptos car moins sensibles à la crainte de rater une aubaine (cette bonne vielle FOMO). Contrairement aux personnes sensibilisées aux principes de la finance, des marchés, de la politique monétaire. « Les titulaires d’un diplôme en économie semblent avoir davantage considéré les cryptomonnaies comme un choix d’investissement alternatif au cours des dernières années », notent les auteurs de l’étude.

Il convient de reconnaître qu’investir sur les marchés crypto a gagné en accessibilité, bon gré mal gré via les plateformes d’échanges. Des investisseurs traditionnels typiques ont ainsi considéré ces actifs numériques comme un investissement plus commun qu’auparavant.

« De plus, la prolifération des cryptomonnaies a conduit à la création de nombreux supports d’information accessibles, rendant ces instruments financiers plus compréhensibles pour les personnes sans connaissances techniques mais habituées à la finance », remet en contexte l’analyse conjointe de la KUL et de l’ESCP.

Utilité et spéculation

Ces travaux ouvrent des perspectives dignes d’attention. D’abord, les résultats suggèrent que les personnes les plus susceptibles d’être enthousiasmées par ces nouveaux investissements, et par-là les plus à risque de « se retrouver dans des bulles financières », ont tendance à posséder des connaissances financières plus approfondies que le reste de la population.

Par ailleurs, cela suppose aussi que les préoccupations éthiques et les doutes quant à l’utilité sociale et économique des cryptomonnaies pourraient ne pas déforcer la demande pour ces actifs singuliers.