Le « royalty token », une invention belge

Apparition inattendue sur la scène du Village Web3 du CES 2024 où la rappeuse Dynasty a interprété « en avant-première mondiale » son titre financé via la blockchain. Derrière ce showcase, la startup liégeoise ACE Good était venue pitcher son système de royalties tokenisées qui a reçu les faveurs du jury d’experts.

« Magnifique ». C’est l’intitulé de la chanson portée par la rappeuse new-yorkaise Dynasty sur l’une des scènes de l’incontournable salon de la tech de Las Vegas mais c’est également ce qu’a dû se dire Grégory Monfort, le fondateur et patron d’ACE Good. Venu présenter sa jeune société wallonne (2021) qui met à disposition des outils blockchain pour les secteurs artistique et événementiel, il a décroché le premier prix du concours de start-up innovantes organisé au Village Web3.

« De la création d’une entreprise au milieu de la pandémie de COVID à cette victoire au CES de Las Vegas, ça a été une question de de travail et de résilience. Je ne suis pas attaché aux prix et aux récompenses, mais ce qui m’intéresse c’est la validation et la reconnaissance d’une idée. C’est ce qui compte », se réjouit le CEO d’ACE Good.

« Donner le pouvoir aux artistes de financer leurs projets »

La start-up liégeoise a en fait développé une plateforme de tokenisation spécialisée, ACE Fund / Indécrew, afin de coproduire des projets culturels. Pour faire simple, la solution blockchain permet de financer collectivement les œuvres en vendant des parts de coproduction, d’en structurer et d’automatiser la redistribution de royalties tokenisées. ACE Good revendique ainsi plus de traçabilité et de liquidité pour des contrats de cession de revenus futurs.

Prenant part aux débats sur l’apport de la technologie dans les arts et la musique, Diana Hardy, alias Dynasty, s’est avouée « époustouflée » par l’expérience sur place et conquise par les objectifs de la plateforme. « Cela donne le pouvoir aux artistes de financer des projets, de conserver leurs droits et de monétiser leurs contenus grâce au soutien des fans. Les supporters deviennent des coproducteurs, partageant les droits d’auteur et accédant à des contenus exclusifs », a expliqué l’ambassadrice musicale de l’ACE Fund, qui partagera avec celles et ceux qui ont financé le remix de son morceau phare « Magnificent » 60% des revenus futurs de la chanson.

Plus qu’un financement crypto ?

Évoluant dans le milieu artistique depuis 2008, Grégory Monfort ne cache pas sa vocation tardive pour le web3, lui qui a découvert la blockchain en 2019. Mais le fondateur d’ACE Good a accompagné dès l’année suivante des opérations financières réalisées par le biais de la tokenisation et s’est alors plus que familiarisé avec ces nouveaux processus.

Les solutions de sa start-up ne se résument donc pas, selon lui, à ce que d’autres plateformes de tokenisation proposent, à savoir la numérisation d’outils financiers (obligations, actions) sous forme de « security tokens ». Le jeune acteur blockchain wallon se concentre sur la dimension artistique, avec certes des conseils et des moyens de financement mais aussi toute la stratégie et le marketing pour guider les œuvres. On peut ainsi imaginer la création de merchandising digital sous forme de NFT pour certains projets qui s’y prêtent.

Chaque token émis avec ACE Good comme part de coproduction constitue un droit à percevoir des revenus de l’œuvre, qu’il est donc possible de revendre. Le modèle permettrait en outre une approche sur mesure dans laquelle les porteurs de projets établissent toutes les règles et paramètrent l’opération : nombre de tokens, durée (qui peut différer entre une chanson intemporelle ou une tournée limitée dans le temps), le plafonnement de la redistribution…

Pour l’anecdote, l’année dernière, l’ACE Fund avait permis à plusieurs projets de financer leur développement, à l’instar de ce fameux  concept de « bar crypto mobile » . Les deux sociétés belges ACE Good et Selfbar ont d’ailleurs partagé les deux premières places du podium à l’issue du concours des start-up innovantes au CES dans la catégorie Web3.