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Le président argentin au cœur d’un scandale lié à la crypto

Qu’on le baptise “cryptogate” ou “LIBRAgate”, le scandale qui secoue actuellement l’Argentine n’arrange guère les affaires de Javier Milei. Président ou pas, il s’est attiré les foudres d’un joyeux mélange d’avocats, de politiciens et même d’investisseurs crypto qui crient au loup et brandissent la menace judiciaire.

Tout a pris une tournure fulgurante vendredi dernier : la crypto LIBRA, joyau de Libertad, a connu un envol spectaculaire, atteignant les 4,56 milliards de dollars grâce à un petit coup de pouce du chef de l’État sur X. Une scène qui rappelle étrangement le cas du memecoin $TRUMP, propulsé au sommet le jour où Donald Trump, bible en main, s’était offert une séance photo sous les projecteurs. Sauf que Libra n’a pas eu la même chance : ce jeton, accolé au nom de Milei, s’est effondré de 94 % en seulement trois heures après avoir brièvement goûté aux sommets. La faute à qui ? À Milei lui-même, contraint d’effacer son tweet, semant le doute dans l’univers impitoyable de la crypto.

Tweet de Javier Milei promouvant LIBRA récupéré par The Kobeissi Letter
Crédits Photo : The Kobeissi Letter (X)

Mais ça, ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Dans l’ombre, les fonds se faisaient la malle : 57,6 millions d’USDC, 49,7 millions de dollars en Solana, soit un joli magot de 107 millions de dollars qui s’est volatilisé entre les mains de KIP Protocol, société à qui Milei a accordé sa bénédiction sans ciller. Lookonchain, inlassable limier des blockchains, a révélé l’existence d’un “rug pull”, soit une belle arnaque où les développeurs disparaissent après avoir fait miroiter des fortunes. Pour enfoncer le clou, The Kobeissi Letter a révélé que le site officiel de LIBRA avait été créé quelques heures à peine avant son lancement, sans le moindre détail sérieux sur sa structure financière ou ses propriétaires.

Face à cette débâcle, les critiques pleuvent sur le président. Un collectif d’avocats, d’économistes et d’ingénieurs fulmine contre cette entorse à la loi sur l’éthique publique, le tout au détriment des investisseurs qui, eux, n’ont plus que leurs yeux pour pleurer.

Dans le cadre de cette association illicite, un délit de fraude a été commis, dans lequel les actions du président ont été essentielles“, assène l’avocat Jonathan Baldiviezo. En plus d’une plainte déposée par Agustin Rombola, une action collective est en préparation pour tenter de sauver les meubles.

De son côté, l’opposition ne compte pas lâcher le morceau. Le député Leandro Santoro monte au créneau :
Ce scandale, qui nous couvre de ridicule à l’international, nous oblige à lancer une demande de destitution contre le président.

Pour se défendre, Milei fait diversion : il accuse ses adversaires d’opportunisme et appelle l’Office de lutte contre la corruption à se pencher sur son entourage. Un joli contre-feu qui, pour l’instant, ne semble pas éteindre l’incendie.