À l’heure où l’idée d’une réserve stratégique de cryptomonnaies séduit Washington, le Royaume-Uni a préféré clarifier sa position. Dans un contexte marqué par le retour de Donald Trump, l’émergence du règlement européen MiCA et une incertitude économique mondiale persistante, Londres fait le choix d’une prudence réglementée, sans hostilité mais sans duplicata.
Le Royaume-Uni dit non à une réserve crypto, mais pas à l’innovation
S’exprimant lors du FT Digital Asset Summit, Emma Reynolds, secrétaire économique au Trésor britannique, a écarté l’idée d’une réserve nationale en cryptos : « Ce n’est pas le plan pour nous », a-t-elle affirmé. « Nous comprenons ce que les États-Unis envisagent, mais nous ne pensons pas que ce soit adapté à notre marché. » Cette prise de position, nette, tranche avec les signaux envoyés par Washington, qui pourrait faire des achats stratégiques de Bitcoin.
Le Royaume-Uni ne ferme pourtant pas la porte à l’innovation. Il prévoit, par exemple, l’émission de dette souveraine via une technologie de registre distribué. L’appel d’offres est en cours, avec une attribution prévue à l’été. C’est une manière d’explorer les usages de la blockchain sans s’exposer à la volatilité des réserves crypto.
En matière de régulation, Londres veut éviter le modèle rigide de MiCA. La stratégie est fondée sur le principe : « Même risque, même réglementation ». Cette approche permet d’adapter les règles financières classiques aux crypto-actifs, tout en évitant les doublons. Un groupe de travail avec les États-Unis doit se réunir en juin pour aligner les approches sur les actifs numériques.
La Banque d’Angleterre et la défense d’un modèle éprouvé
Andrew Bailey, gouverneur de la Banque d’Angleterre, insiste sur le rôle central des réserves traditionnelles. Pour lui, « les réserves de banque centrale sont le moyen ultime de règlement ». Elles garantissent la stabilité du système bancaire et ancrent les politiques monétaires. Il ajoute : « C’est ce mécanisme qui donne sa valeur à la monnaie commerciale. » Le Royaume-Uni n’ignore pas les crypto-actifs, mais préfère préserver les fondements de son architecture monétaire.