La frénésie entourant l’homologation aux États-Unis d’un fonds négocié en bourse (ETF) adossé directement au plus célèbre des crypto-actifs nous rappelle la méconnaissance des produits financiers existant chez nous.
Sur nos bons vieux marchés européens, plus d’une centaine de trackers reflètent déjà l’évolution des actifs numériques. Et, malgré une réglementation empêchant d’obtenir une version identique au fameux « ETF Spot » américain, des acteurs proposent depuis bientôt dix ans un outil de placement qui fonctionne essentiellement de la même façon : un ETP Bitcoin.
D’emblée, l’argument commercial s’avère identique, à savoir offrir aux investisseurs un moyen de miser sur le bitcoin mais sans avoir à acheter (et conserver) eux-mêmes des cryptos. Tout en passant, en plus, par les places financières réglementées, à l’instar de la Bourse de Paris, de Francfort, de Zurich.
Cet ETP Bitcoin repose lui aussi sur des réserves dites « physiques » de BTC détenues par l’émetteur tel que CoinShares (Royaume-Uni), 21Shares (Suisse) et ETC Group (Allemagne), pour ne citer que les trois principaux intervenants. Les sommes investies par les clients donnent lieu à des achats d’un montant équivalent de bitcoins par l’intermédiaire, qui les confie à un dépositaire institutionnel – Komainu ou Coinbase par exemple. Ce dernier les place alors en « cold storage » (coffre numérique hors ligne).
Cet ETP Bitcoin est conçu pour procurer une exposition aux performances de la cryptomonnaie sous-jacente, le prix étant calculé sur base des données du cours issues de fournisseurs spécialisés comme CryptoCompare.
Une différence intervient certes au niveau de la nature financière, contrairement à l’ETF américain, l’ETP européen constitue un titre de dette, une obligation à zéro coupon garantie par des dépôts en bitcoins. Mais cela reste un produit financier qui se négocie identiquement à une action ou un fonds, en établissant ordre de marché, stop loss et autres modalités habituelles via la plateforme d’investissement d’une banque ou d’un broker telle que Bolero ou Saxo Bank en Belgique.
Ce segment de marché demeure très marginal avec ses quelque « 9 milliards d’euros », relativisent nos confrères de La Tribune. Néanmoins, que l’autorité américaine des marchés financiers, la SEC, ait approuvé cette sorte particulière de fonds étroitement lié au bitcoin, à la demande notamment du géant financier BlackRock, pourrait changer les rapports de force.