Le projet blockchain wallon « n’est pas idéal mais il est enfin là »

DigitalWallonia4.Trust vient contredire l’impression d’abandon qui planait sur les ambitions blockchain de la Région wallonne. « Nous avons tenu bon et débloqué 1,3 million d’euros », se félicite la directrice générale d’Agoria Wallonie.

Depuis une série d’annonces remontant déjà à 2021, la création du réseau de startups Walchain en mars ou l’investissement empirique de Wallonie Entreprendre dans Logion en octobre la même année, la thématique blockchain pouvait paraître oubliée en Région wallonne. Mais les porteurs du projet DigitalWallonia4.Trust, lancé officiellement vendredi dernier, œuvraient manifestement dans le secret de la diplomatie régionale.

Profitant de la séance des questions-réponses lors du kick-off, notre confrère de La Libre a partagé ses impressions négatives : le sentiment d’un faux-départ en 2021, la sensation qu’il ne s’était plus rien passé depuis deux ans, le souvenir d’une demande des acteurs blockchain au politique restée sans véritable suite. Tout en pointant l’absence du ministre Borsus ou d’un représentant de son cabinet, et en s’interrogeant sur ce que représente aujourd’hui l’activité entrepreneuriale autour de la blockchain en Wallonie.

Retour à la réalité

« Le fait que ça ait pris deux ans, ça n’arrange personne mais c’est une réalité », a précisé en réplique Clarisse Ramakers, directrice générale d’Agoria Wallonie, la fédération des entreprises tech étant un partenaire fondateur du projet blockchain. « Les acteurs ont tenu bon car ils croient en un véritable développement économique, à la fois pour les acteurs de la technologie mais aussi pour toutes les entreprises qui vont pouvoir l’utiliser. »

La lenteur indéniable du processus de développement découlerait d’emblée d’un timing malheureux. « Nous avions introduit ce projet à un moment où le plan de relance n’était pas encore sur la table », a concédé la DG d’Agoria Wallonie. « Mais après nous avons saisi l’opportunité en affirmant que si on voulait vraiment placer la Wallonie sur la carte avec des technologies digitales fortes, nous devions remettre la blockchain au-dessus de la pile ».

Une technologie peu convaincante ?

Outre les agendas politiques et industriels à synchroniser, il convient de reconnaître que les technologies médiatisées depuis l’arrivée du bitcoin présentent un certain degré de technicité. « Le projet a aussi pris du temps parce que la blockchain n’est pas nécessairement bien connue par les différentes parties prenantes qu’il faut convaincre », a fait remarquer Clarisse Ramakers.

Néanmoins, la directrice générale positive et se félicite des étapes désormais franchies, qu’il s’agisse des aspects de gestion ou de budget. « Nous avons continué à avancer ensemble à tous les moments de validation du projet. Nous avons réussi à débloquer les budgets et en faire une thématique du Plan de relance. Il sera de notre responsabilité d’en faire un succès, afin que cela soit prolongé parce que nous savons que c’est une technologie qui va encore demander du temps », a-t-elle relativisé.

Plus qu’un « one-shot »

« Nous sommes quand-même allés chercher 1,3 million d’euros pour cette première année », chiffre la DG d’Agoria Wallonie, pour matérialiser les accomplissements alors qu’un montant initial de 3 millions était promis par l’exécutif wallon.

« Ce n’est pas le monde idéal, c’est vrai. Mais d’un autre côté, on y est. C’est intéressant car on ne peut pas se dire que c’est du business as usual, nous avons vraiment choisi cette technologie dans le digital pour positionner la Wallonie. Je suis plutôt contente de l’énergie que nous y avons mise, plus que déçue par le temps pris », a confié Clarisse Ramakers.

DigitalWallonia4.Trust ne portera pas seul l’innovation blockchain en stimulant les entreprises en Wallonie. Le projet viendra en renfort aux dynamiques sectorielles ou aux collaborations existantes avec des projets par exemple issus du fonds européen de développement régional (FEDER).

Petit Poucet technologique

Quant à savoir quel impact la blockchain aura précisément sur l’économie réelle wallonne, selon les dernières statistiques citées par le ministre wallon de l’économie en avril dernier, la région compterait une trentaine d’acteurs qui s’y spécialisent.

À titre de comparaison, la Wallonie dénombre plus de 250 entreprises spécialisées dans le traitement et l’analyse de la donnée, dont on connaît l’importance pour le développement des technologies blockchain.

Sans oublier plus de 200 acteurs wallons positionnés sur la thématique de l’Internet des objets, près de 140 acteurs portés sur le stockage virtuel de données, plus d’une centaine se concentrant sur l’automation ou encore 70 autres sur l’interopérabilité entre les différents langages de programmation.