L’entreprise de San Francisco, orchestrant près de 200 milliards de transactions dans le monde, a annoncé prendre désormais en charge le réseau Solana au début du mois. Une adoption qui a valeur de validation industrielle pour la blockchain et laisse entrevoir plus précisément le rôle majeur que la technologie pourrait jouer dans le système mondial des paiements.
Toujours améliorer les manières dont l’argent se déplace. C’est dans cet esprit que Visa a annoncé étendre son système pilote d’échanges de stablecoins à la blockchain « hautement performante » Solana, pour reprendre les termes du géant des paiements. L’idée étant bien sûr d’optimiser les règlements transfrontaliers mais aussi de fournir « une option moderne à nos clients pour envoyer ou recevoir facilement des fonds », a déclaré pour l’occasion Cuy Sheffield, le « Monsieur Crypto » de Visa. Car la demande du marché se fait pressante et exige ces fameux gains d’efficience, cette rapidité plus élevée et ces coûts nettement diminués, promis depuis longtemps par la technologie popularisée au travers de Bitcoin.
Mais pourquoi Solana et pas une des nombreuses autres blockchains ? Lancée officiellement en mars 2020 depuis le siège de la fondation éponyme à Genève, Solana constitue une blockchain de troisième génération qui soutient un éventail de solutions de finance décentralisée (DeFi), le développement d’applications décentralisées (DApps) ou encore de smart contracts.
Contrairement aux autres blockchains publiques, Solana utilise un algorithme de consensus hybride, un mécanisme qui repose à la fois sur la preuve de l’historique (PoH) et la preuve d’enjeu (PoS). Cela permet notamment au réseau de gérer de plus nombreuses transactions par seconde. À titre indicatif, son token natif, le SOL, occupe actuellement le dixième rang du classement mondial des cryptomonnaies établi par CoinMarketCap, avec une capitalisation de marché de 8,3 milliards de dollars.
Un avenir enfin prometteur ?
Prophétisée comme la technologie qui transformerait l’économie mondiale par le très sérieux magazine The Economist dès 2015, la blockchain peine pourtant à s’imposer industriellement, toujours confrontée à des problèmes tantôt de sécurité, tantôt de débit, ou encore de frais de fonctionnement trop salés.
En sa qualité d’acteur majeur des paiements, Visa a naturellement suivi de près les développements censés surmonter les obstacles techniques au déploiement des blockchains. L’opérateur s’est mis à les expérimenter, pour améliorer son propre réseau et tenter d’innover sur le plan des produits ou services participant aux mouvements financiers.
Dans une note analysant l’implémentation de Solana, Mustafa Bedawala, responsable Product & Research, et Arjuna Wijeyekoon, vice-président Fintech chez Visa, insistent sur le potentiel de cette blockchain particulière. Même s’ils pensent tous deux que le système mondial des paiements comportera « probablement plusieurs réseaux blockchain », Solana présente les qualités pour devenir l’un des principaux réseaux qui canaliseront à l’avenir les flux financiers.
« Solana est prometteuse pour les paiements en raison de sa vitesse, de son évolutivité et de ses faibles coûts de transaction, ce qui en fait un bon candidat pour des règlements blockchain efficaces utilisant des stablecoins comme l’USDC », affirme-t-on ainsi chez Visa, épinglant les fonctionnalités clés de Solana qui « qui valent la peine d’être découvertes par toute personne attachée aux technologies de paiement ».
« Plateforme évolutive et convaincante »
Sans entrer ici dans les détails informatiques, si Visa est l’une des premières grandes entreprises internationales de paiement à utiliser en direct la blockchain Solana avec ses clients, c’est qu’elle en reconnaît « les avantages technologiques uniques ».
D’abord, son débit élevé, avec un traitement en parallèle des transactions et des smart contracts. Certes, du haut de ses 400 transactions par seconde (TPS) générées en moyenne par les utilisateurs en situation réelle, Solana ne concourt pas encore dans la même catégorie que Visa (>65.000 TPS). Mais il s’agit déjà d’un niveau de performance remarquable, en comparaison aux 12 TPS d’Ethereum ou 7 TPS de Bitcoin, énumèrent les auteurs.
Ensuite, Visa cite les faibles (0,001 $) mais, surtout, prévisibles coûts de transaction de Solana. Condition qui contribue à améliorer l’efficacité des paiements. « Cette innovation est étroitement liée aux capacités de traitement parallèle de Solana, les transactions ne se chevauchent pas mais sont exécutées sur des canaux distincts, un peu comme des véhicules circulant sur des routes distinctes», poursuivent les responsables Recherche et Fintech chez Visa.
Le géant des paiements vante encore la « résilience élevée » de Solana avec un nombre important de nœuds (serveurs) et de validateurs. Autrement dit, ces nombreux participants indépendants, assurant la production des blocs et conservant l’historique des transactions, permettent de garantir la disponibilité du réseau afin que les consommateurs puissent réaliser les transactions dans un environnement fluide et fiable.
« La diversité des clients validateurs renforce la résilience d’un réseau. Même si un client peut présenter des bogues ou des vulnérabilités, un autre peut en souffrir. Cela réduit finalement les risques qu’une seule faille logicielle paralyse le réseau », expliquent les auteurs.
Autant d’éléments qui participent à « une plateforme blockchain évolutive avec une proposition de valeur convaincante pour les paiements », ponctue-t-on chez Visa.