Si le Bitcoin repose sur un système de minage qui assure une décentralisation de sa blockchain et garantit son fonctionnement sur des dizaines d’années, si pas des siècles, d’autres cryptomonnaies reposent sur des systèmes différents. Certaines entreprises du Web3 ont ainsi tendance à recourir à une ICO et à “préminer” la totalité des actifs. Explications.
Le Bitcoin (BTC) a une limite de tokens définie à 21 millions et repose sur un système de minage décentralisé. Les “mineurs” sont rémunérés pour leur travail avec des jetons BTC. Le montant de cette rémunération baisse tous les 4 ans, faisant ainsi grimper de façon artificielle le prix de l’actif en réduisant progressivement sa “production”. Concrètement, il reste aujourd’hui près de 2 millions de BTC à miner.
Certaines autres cryptomonnaies ont déjà été entièrement minées avant le lancement du projet. C’est par exemple le cas du Ripple. Le jeton a été “préminé” à la hauteur de 100 milliards de XRP. Il n’est donc pas possible de le “miner”. C’est l’entreprise elle-même qui prend en charge le déblocage de liquidités. Cela rend les transactions ultra rapides, mais cela a aussi un effet indésirable sur la blockchain puisqu’une telle centralisation pose également des questions, notamment sur les manipulations du cours.
Beaucoup de start-ups voulant lancer leur technologie sur une blockchain existante ou sur une nouvelle blockchain ont tendance à préminer une petite quantité de jetons dans le cadre d’un ICO (initial coin offering). Autrement dit, c’est une méthode de levée de fonds pour un projet qui récompense les investisseurs avec des jetons préminés lors de son lancement officiel. C’est à la fois intéressant pour l’entreprise à la base du projet, car elle récolte des liquidités en produisant une poignée de premiers jetons à faible coût. Mais également pour l’investisseur, car il sera en possession de jetons d’une cryptomonnaie avant tout le monde, et ces jetons peuvent vite prendre beaucoup de valeur.
L’ennui, c’est que d’un point de vue purement légal, c’est “compliqué”. C’est d’ailleurs précisément la raison pour laquelle Ripple est aujourd’hui engagé dans un bras de fer de longue durée avec l’administration fédérale américaine. Le Web3 reste une évolution moderne de la finance, qui a été jusqu’ici très mal encadrée. Les autorités ont naturellement la mission d’éviter les débordements et les ICO représentent à ce titre un danger majeur d’évasion fiscale.