On les désigne comme les « prochains narratifs » de l’histoire du Web3, les « investissements crypto les plus importants », et bien d’autres encore. Par « ils », nous faisons référence aux DePIN, un concept disruptif qui émerge actuellement dans la blockchain. Faisons un tour d’horizon !
DePIN, quèsaco ?
DePIN est l’abréviation de « Decentralized Physical Infrastructure Networks », traduit en français par « réseaux d’infrastructures physiques décentralisées ». Il s’agit d’un concept innovant basé sur la technologie blockchain qui favorise la construction et l’exploitation d’infrastructures physiques et de réseaux matériels dans le monde réel. Les DePIN ne nécessitent aucune autorisation ni intervention d’un tiers, c’est-à-dire d’une entité centralisée, pour fonctionner. En utilisant des cryptomonnaies comme récompenses pour les participants aux réseaux d’infrastructures physiques, ils parviennent à établir une décentralisation du contrôle des ressources telles que la puissance de calcul, les réseaux énergétiques, les capteurs ou encore les réseaux sans fil.
Pour simplifier, les DePIN constituent une forme très avancée de la blockchain en tant que protocoles crypto reposant sur des réseaux décentralisés de matériel physique Peer-to-Peer. Sur cette base, il est possible pour un individu de faire partie d’un réseau DePIN : les équipements qu’il possède (disques durs, nœuds de réseaux sans fil, dispositifs de suivi pour voitures, etc.) lui permettent cette commodité. Finies les installations coûteuses et difficiles des réseaux d’infrastructures physiques, autrefois réservées aux grandes entreprises dictant les prix et les conditions pour les utilisateurs finaux.
Dans le monde réel, on peut ainsi imaginer de nombreuses opportunités comme la création d’une infrastructure gérant un réseau de panneaux solaires de citoyens organisés, un service de partage de véhicules communautaire, un service de stockage dans le cloud” qui utiliserait l’espace inutilisé sur les disques durs d’autres utilisateurs et bien plus encore…
Voici comment Harrisson Hines, PDG de Fleek, voit ces innovations, rapporte Forbes :
« Le succès des réseaux d’infrastructure physique centralisés comme Uber et Airbnb prouve qu’il est possible d’améliorer les coûts, les performances, l’échelle et l’expérience des utilisateurs en décentralisant l’offre d’un réseau et en la gérant de manière algorithmique. DePIN est essentiellement la prochaine évolution de ces réseaux : tirer parti de la blockchain pour mieux coordonner et aligner les participants et l’activité du réseau plutôt que de confier cette tâche à une entreprise. Il en résultera des gains d’efficacité qui se traduiront en fin de compte par de meilleurs produits pour les utilisateurs. Nous commençons déjà à le constater avec Fleek Network, qui affiche de meilleures performances que les plateformes centralisées dans le cloud ».
Petite histoire des DePIN
L’idée de créer un tel réseau naquit en 2021, lorsque IoTeX a mis sur pied MachineFi, un concept qui permet les liaisons entre machines et les échanges d’informations en temps réel. Puis naquit Mesarit, une version plus améliorée des DePIN. Au même moment, c’est-à-dire en juillet 2022, les TIPIN ou réseaux d’infrastructures physiques propulsés par les tokens, naquirent, précise Cointelegraph.
Un mois plus tard, le Proof of Physical Work (PoPW) voit le jour : incluant des structures décentralisées gérées par des personnes mues par des objectifs partagés. Helium, une solution de connexion d’appareils intelligents jouissant d’un bon niveau de sécurité, moins budgétivores et plus écologiques. Et puis vinrent les Hivemapper, DIMO, HealthBlocks, W3bstream… autant de déclinaisons de DePIN à que les initiateurs ont ajouté des touches personnelles pour assouvir des besoins sur plusieurs secteurs.

Decrypt a pu retracer l’histoire des DePIN en mentionnant l’InterPlanetary File System qui a vu le jour en 2009. Le principe de l’IPFS se présente comme suit : il utilise sa propre technologie pour détecter le fichier le plus proche parmi les tonnes de fichiers contenus dans des bibliothèques numériques réparties dans toute une ville. Ensuite, est apparu Filecoin, né en 2014, qui a ajouté au concept d’IPFS une forme d’incitation à base de cryptomonnaies.
Voici quelques noms de DePIN plus contemporains :
- Arweave, un dispositif axé sur le partage d’espace de stockage ;
- Hivemapper, un service spécialisé dans la cartographie décentralisée de routes ;
- Render, une solution permettant le partage de puissance inutilisée de cartes graphiques ;
- Helium, un réseau sans fil décentralisé de l’internet des objets (IoT)
- Power Ledger, une plateforme d’échange peer-to-peer (P2P) d’énergie ;
- PowerPod, un réseau de recharge de voitures électriques récompensant les propriétaires de chargeurs privés ;
- etc.
Quid des avantages et inconvénients des DePIN ?
D’après ces descriptions, les Decentralized Physical Infrastructure Networks se présentent comme un ensemble d’innovations Web3 – incluant des cryptomonnaies, des infrastructures blockchain, des applications décentralisées (dApps) et bien d’autres encore – capable de mettre fin aux monopoles d’entreprises spécialisées dans les réseaux d’infrastructure. Plutôt l’égalité des chances dans ce domaine que la centralisation. De là viendrait la réduction des coûts dans la construction d’infrastructure, la rapidité dans la création d’entreprise, la sécurité, la transparence (vu que c’est lié à une blockchain), la participation active et les récompenses.
En tant qu’inconvénients, les DePIN peuvent présenter des obstacles techniques, sachant que la technologie des blockchains et des cryptomonnaies n’est pas facilement accessible aux novices. En parlant de cryptomonnaies, il faut noter que ces actifs sont sujets à une fluctuation fréquente au point de mettre à mal les récompenses de participation à un réseau quelconque. S’ajoute à cela les défis réglementaires qui attendent les projets similaires.
Leonard Dorlöchter, cofondateur de Peaq, reste confiant :
« Les avantages concurrentiels inhérents à leur modèle les aideront probablement à obtenir une solide tête de pont. Avec un peu d’intelligence commerciale et de persévérance, ce modèle inclusif et égalitaire pourrait donner du fil à retordre aux anciennes entités corporatives tout en maintenant le service à un niveau financièrement acceptable pour les utilisateurs finaux et les fournisseurs d’infrastructure. »