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Pourquoi certains analystes pensent que le Bitcoin est condamné

La planche à billets, concept adoré des banques centrales, est une hérésie dans le monde feutré du Bitcoin. Ici, tout est gravé dans le marbre numérique : pas plus de 21 millions de pièces, et le dernier BTC sera extirpé du réseau en 2140, pas avant. Pour les fidèles de la reine des cryptos, c’est une bénédiction. Pour les amateurs d’altcoins, comme Justine Drake d’Ethereum, c’est une catastrophe annoncée.

Créature née des cendres fumantes de la crise de 2008-2009, le bitcoin s’est autoproclamé alternative au système financier classique, que les crypto-enthousiastes surnomment avec dédain “TradFi”. L’énigmatique Satoshi Nakamoto avait une ambition limpide : permettre aux investisseurs allergiques aux banques de s’échanger des fonds sans passer par les mains avides des institutions financières. Le tout grâce à une monnaie numérique, inattaquable (du moins en théorie), et à une blockchain censée garantir une gestion limpide et incorruptible.

Et cerise sur le gâteau, le Bitcoin a un fonctionnement à la sauce puriste : depuis l’extraction du Genesis Block, il y a seize ans, des millions de blocs ont été et seront extraits par des mineurs. Mais attention, la fête ne durera pas éternellement : en 2140, rideau ! Tout au long du chemin, des “halving” (ou “coupe budgétaire” pour les mineurs) réduiront progressivement les récompenses, garantissant un phénomène de raréfaction qui, en théorie, fera grimper le prix du BTC vers des sommets stratosphériques.

Mais voilà le hic, annonce en fanfare Justin Drake, chercheur chez Ethereum. 

La rareté, c’est bien joli, mais au final, la vraie bataille sur Internet, c’est celle de la sécurité. Ironiquement, le plafond mythique des 21 millions de BTC pourrait bien être le talon d’Achille du réseau. À terme, l’émission de nouveaux BTC tombera à zéro – c’est le socle du contrat social de Bitcoin. Mais dans quelques halvings, la récompense sera si ridicule qu’elle n’aura plus aucun effet“, a-t-il tweeté.

En guise de preuve, il balance que l’offre de BTC croît encore d’un petit 0,83 % par an. Problème : cela aggrave, selon lui, les failles de sécurité du réseau sur le long terme. Ajoutons à cela un coût d’attaque ridiculement bas, vu que 99 % des revenus des mineurs viennent de la récompense des blocs et non des frais de transaction.

La blockchain Bitcoin est cuite. Il suffit d’un budget de 10 milliards de dollars et d’un accès à 10 gigawatts pour prendre le contrôle de 51 % du réseau, de façon permanente. Une broutille pour les États-nations“, enchaîne-t-il. Ce qui expliquerait pourquoi Donald Trump claironne que les États-Unis doivent devenir la première puissance Bitcoin ?

Évidemment, ces déclarations ont déclenché un feu nourri de critiques, rapporte Cointelegraph. L’analyste James Check s’est empressé de rappeler que l’écosystème Bitcoin est tout sauf figé : renouvellement des mineurs, augmentation des frais de transaction pour compenser la chute des récompenses, percée des énergies vertes et nucléaires…