Il en a fallu des lignes de code et des nuits blanches pour qu’Ethereum devienne “la blockchain la plus active au monde”. Mais l’équipe de développeurs n’a jamais flanché, depuis la première ébauche du fameux “white paper” jusqu’aux multiples mises à jour et distinctions accumulées depuis. Allez, zoomons un peu.
Avant Ethereum, il y avait Bitcoin, le premier du genre, le précurseur de toutes les blockchains, arborant fièrement son côté décentralisé. Vitalik Buterin, un jeune prodige des langages et de l’informatique, suivait de près l’évolution de ce curieux réseau né en 2009. Déçu de World of Warcraft, il trouve là l’inspiration pour concevoir sa propre réplique. Après quatre ans de réflexion et de codage, l’informaticien publie en 2014 une version sur papier de ce qui deviendra l’une des plus influentes blockchains de la planète.
Novembre 2013 marque un tournant avec l’email de Vitalik introduisant le “proto-white paper” d’Ethereum, intitulé sans détour “Introducing Ethereum: a generalized smart contract/DAC platform”. La bête prend forme en 2015 sous le nom de “Frontier” et se présente comme une “blockchain programmable” capable d’héberger des applications décentralisées (dApps) et des contrats intelligents. À ses côtés, une brochette d’informaticiens géniaux : Gavin Wood, créateur du langage Solidity, Joseph Lubin, papa de ConsenSys et de MetaMask, Charles Hoskinson (Cardano), Mihai Alisie, pour ne citer qu’eux. Ils étaient huit cerveaux au départ à partager ce rêve de bâtir un réseau unique, mystérieusement baptisé Ethereum en référence à l’éther, ce fameux cinquième élément de la chimie alchimique.
Dans son livre blanc, on peut lire que “ce qu’Ethereum souhaite proposer, c’est une blockchain avec un véritable langage de programmation intégré, Turing-complet, pouvant être utilisé pour créer des ‘contrats’ susceptibles d’encoder des fonctions de transition d’état arbitraires. Cela permettra aux utilisateurs de créer n’importe lequel des systèmes cités ci-dessus, ainsi que beaucoup d’autres que nous n’avons pas encore imaginés, le tout en quelques lignes de code“.
Les fameux “systèmes” incluent :
- des actifs numériques, parfaits pour symboliser des monnaies personnalisées et des instruments financiers ;
- la propriété d’objets physiques sous-jacents ;
- des actifs non fongibles (NFT), comme les noms de domaine ;
- les contrats intelligents, qui exécutent automatiquement des instructions lorsque des conditions prédéfinies sont remplies ;
- et des organisations autonomes décentralisées (DAO).
Le succès d’Ethereum, il faut bien le dire, repose avant tout sur ses contrats intelligents, ces fameux smart contracts au cœur de la finance décentralisée (DeFi). On y retrouve des pratiques comme le staking décentralisé, le yield farming, le prêt et l’emprunt. Le prêt, justement, arrive en deuxième position en importance sur la blockchain de Buterin, avec une valeur totale verrouillée (TVL) de 32,8 milliards de dollars répartie sur 460 protocoles actifs. En première place, le staking liquide, qui regroupe moins de protocoles, mais affiche une TVL de 44 milliards.
Et aujourd’hui, Ethereum, qu’est-ce que ça représente ? Eh bien, c’est une plateforme open source décentralisée qui attire des projets DeFi célèbres (Aave, Uniswap, MakerDAO…), autorisant la création de contrats intelligents en Solidity, devenue plus écologique grâce au passage à la preuve d’enjeu (Proof-of-Stake) depuis le déploiement de “The Merge” en septembre 2022, et un terrain de jeu rêvé pour les développeurs de dApps – les apps décentralisées.
“En donnant vie aux contrats intelligents, Ethereum a comblé un vide crucial dans des industries comme le voyage et le tourisme, où les processus de paiement et de billetterie reposent sur de multiples API et manquent d’une source unique de vérité. Grâce aux smart contracts, de nombreuses opérations manuelles peuvent être simplifiées pour une expérience utilisateur optimale“, explique Pablo Castillo, PDG de Chain4Travel, dans les colonnes de Cointelegraph.
Ah, et n’oublions pas l’Ether (ETH), la monnaie native d’Ethereum. Essentielle pour payer les frais de transaction, l’ETH permet aussi de contribuer à l’écosystème Ethereum, de se lancer dans le staking, ou encore de réaliser des investissements et échanges variés.
Et puis, Ethereum, ce n’est pas qu’une technologie, c’est aussi une communauté de développeurs et d’utilisateurs innovants. Prenons “The Scourge”, dernière proposition en date : elle vise à renforcer la résistance à la censure lors de la validation des blocs. Mais il en faudra plus pour dissuader les rivaux, car Solana, Cardano, Fantom et Tezos ne manquent pas d’ambition. Eux aussi entendent bien s’imposer sur le marché, avec des innovations à la clé.