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Est-il possible de miner du Bitcoin chez soi ?

À chaque bloc ajouté à la blockchain, des milliers de machines entrent en compétition pour résoudre une énigme mathématique. Le premier à trouver la solution valide le bloc et reçoit une récompense : 3,125 bitcoins. Ce processus, appelé minage, est le moteur de la sécurité du réseau Bitcoin. Il assure la cohérence des transactions, empêche les fraudes et permet l’émission contrôlée de nouveaux bitcoins. Derrière cette architecture, il y a des mineurs, souvent professionnels, mais parfois amateurs, qui participent depuis leur salon ou leur garage. 

Le minage solo : faire cavalier seul face au réseau

Miner du Bitcoin chez soi, c’est généralement choisir l’option du minage en solo. Cela signifie que vous installez votre propre machine, vous la connectez au réseau et vous espérez qu’un jour, elle réussira à valider un bloc toute seule. En contrepartie, vous gardez 100 % de la récompense. Ce principe séduit par son indépendance, mais il cache une réalité bien plus coriace : la concurrence.

Aujourd’hui, la majorité de la puissance de calcul sur le réseau vient de fermes industrielles remplies de machines spécialisées appelées ASIC. Ces structures peuvent regrouper des centaines, voire des milliers d’appareils fonctionnant jour et nuit. Face à elles, un petit mineur à domicile a peu de chances de résoudre un bloc. C’est un peu comme vouloir soulever un rocher avec une cuillère à dessert. Mais certains le font, par passion, par curiosité ou simplement pour contribuer à un projet plus grand qu’eux.

Le minage solo demande de la patience, de la stabilité électrique, une bonne connexion Internet et une tolérance certaine à l’attente. Parfois, il ne se passe rien pendant des mois. D’autres fois, le miracle arrive.

Quand la technologie ne rime pas toujours avec fortune

On pourrait croire qu’il faut investir plusieurs milliers d’euros pour se lancer. Et il est vrai que certains modèles comme l’Antminer S19 de Bitmain ou le WhatsMiner M50 sont très puissants, mais aussi très chers. Ce sont les machines de prédilection des grandes structures professionnelles. Elles sont bruyantes, gourmandes en énergie et peu adaptées à un usage domestique.

Mais tout le monde n’a pas besoin d’un monstre de calcul. Il existe aujourd’hui des appareils bien plus modestes, comme le Bitaxe Gama 601, qui coûte environ 150 dollars. Ce petit bijou open source, compact, silencieux et économe, permet de miner en solo à la maison sans transformer sa pièce à vivre en salle des machines.

Et ce n’est pas un gadget pour geeks nostalgiques : le 12 mars 2025, un utilisateur équipé uniquement d’un Bitaxe a réussi à valider un bloc. Il a reçu 3,125 bitcoins, soit environ 260 000 dollars. 

Quelques histoires récentes qui donnent espoir

Ce cas n’est pas isolé. Ces dernières années, plusieurs mineurs ont eu la chance de valider un bloc en solo, contre toute attente. En février 2025, un autre utilisateur a réussi l’exploit avec une configuration semblable. En septembre 2024, une adresse reliée à Solo CK Pool a touché 3,169 bitcoins avec une part minuscule de la puissance totale du réseau. En avril 2024, un mineur avec un hashrate modeste a été récompensé après des mois de calculs silencieux.

Cela montre que même si les probabilités sont faibles, elles ne sont pas nulles. Il est donc toujours possible, à condition d’être réaliste. Ces mineurs chanceux sont des exceptions. Pour beaucoup d’autres, l’aventure reste une expérience technique, presque philosophique, parfois coûteuse, mais souvent enrichissante sur le plan personnel.

Réalités techniques et environnementales à garder en tête

Miner du BTC chez soi ne se résume pas à brancher une machine et attendre les bitcoins. Il faut tenir compte des coûts d’électricité, souvent le facteur décisif dans la rentabilité. Une consommation de 1 500 watts en continu peut vite faire grimper la facture. Il faut aussi prévoir une bonne aération, car ces machines chauffent, et un minimum de connaissances en informatique pour surveiller les performances et ajuster les réglages.

Il est aussi utile de penser à l’impact écologique. Même si une partie du minage se fait aujourd’hui avec de l’énergie renouvelable, une machine personnelle reste une source de consommation constante. Certains amateurs recyclent la chaleur pour chauffer une pièce ou une serre. Une façon comme une autre de ne pas tout laisser partir en vapeur.

Le mining solo de Bitcoin c’est un peu comme cultiver son potager au milieu d’un champ de production industrielle. Ce n’est pas la solution la plus rapide ni la plus efficace, mais cela reste possible, gratifiant, et parfois étonnamment payant. Si l’on accepte ses limites, si l’on choisit un matériel adapté et si l’on voit l’activité comme une aventure plutôt qu’un placement garanti, alors l’expérience peut en valoir la peine. Après tout, chaque bloc commence par un calcul… et parfois, c’est votre machine qui trouve la bonne réponse.