Ad Infinitum vous emmène dans les horreurs de la première guerre mondiale via une narration pas complètement linéaire. Mais Ad Infinitum a un secret : il y a en fait deux jeux en un !
Il nous faut d’abord faire un avertissement : le jeu aborde un sujet difficile. Ce n’est pas pour tout le monde. Alors qu’une guerre de tranchées ravage en ce moment l’Ukraine, nous ne voulons pas faire de comparaison indécente entre les véritables horreurs de la guerre, et celles représentées dans Ad Infinitum.
Mais malgré tout, il nous semble que le jeu est une bonne représentation de la guerre dans ses côtés les plus sordides, et du traumatisme que subissent les survivants. Si vous êtes sensible, d’une manière ou d’une autre, à ces sujets, nous ne vous conseillons pas de jouer à Ad Infinitum, car bien que le jeu ait un élément surnaturel, la dévastation et la souffrance qu’il représente est, elle, bien réelle.

Vous commencez Ad Infinitum par une scène de guerre de tranchée qui peut un peu rebuter, ne serait-ce que sur le plan graphique… Difficile de comprendre pourquoi le jeu commence par quelque chose d’aussi en dessous de tout le reste, si ce n’est peut-être pour créer un contraste avec ce qui vient après…
Car ce qui vient après, c’est que vous vous réveillez dans votre lit : vous êtes le fils d’une famille aristocratique, survivant de la première guerre mondiale… à moins que vous ne soyez mort ? Commence alors quelque chose d’extrêmement déroutant…
Car ne vous fiez pas aux apparences : Ad Infinitum, ce n’est pas qu’un seul jeu, c’est en réalité deux jeux qui alternent afin de vous amener à chaque fois un peu plus près de la folie.

Dans la première phase de jeu d’Ad Infinitum, vous explorez le manoir von Schmidt. Cette phase de jeu permet surtout de souffler un peu, et reprend la plupart des codes de l’horreur : il s’agit d’un jeu d’énigme avec des côtés Walking Simulator assumé (très peu de gameplay, si l’on ne compte pas les nombreuses énigmes).
Cela n’empêche pas cette phase d’être étonnamment difficile par moment. Toutes les solutions ne sont pas toujours évidentes, et vous pouvez passer des heures à les chercher. Durant cette phase d’exploration, l’horreur est très subtile, très « show don’t tell ».
La deuxième phase du jeu, qui alterne en permanence avec la première, est un jeu tout différent : il s’agit d’un jeu de survie, qui contient tout de même pas mal de gameplay et des niveaux à progression linéaire. Dans cette phase, il est possible de mourir (et de ressusciter sur un lit juste à côté).

Course poursuite, furtivité, quick-time-events… Tels sont les défis que vous affronterez dans ces phases qui représentent les horreurs de la guerre. S’agit-il de souvenirs traumatiques de nos personnages ? Où y a-t-il bien quelque chose de surnaturel ? On ne le sait pas…
Dans cette phase qui se déroule donc surtout dans les tranchées, vous affronterez directement des monstres surtout métaphoriques, et l’horreur se voudra beaucoup plus directe. Beaucoup moins effrayantes, aussi, mais ce n’est pas très important…
Pas très important, car ce sont ces phases qui sont les plus lourdes, les plus chargées. L’horreur réelle est là déjà suffisamment présente pour qu’il faille en plus y rajouter d’horreur fantastique. Quant les hommes sont eux-mêmes des monstres, les vrais monstres ne font plus peur, plus vraiment…
Souvent le jeu vous déroutera dans ces phases, commençant quelque chose pour l’interrompre brusquement et passer à autre chose, comme tant de vies interrompues, tant d’histoires qui ne trouveront pas de conclusions…

Normalement, quand vous ne passez pas un bon moment en jouant à un jeu, c’est que le jeu est mauvais. Ici, c’est tout le contraire : il y a peu de chances que vous ressentiez une autre sensation que du pur désespoir en jouant aux phases de survie, et c’est justement toute la force de celui-ci.
Il nous faut malheureusement redescendre un peu plus bas et parler des aspects purement techniques du jeu.
Tout d’abord les graphismes : hormis cette toute première phase de guerre, tout le reste du jeu jouit d’excellents graphismes. Peut-être pas exceptionnels, mais tout à fait corrects.
La bande son est excellente, avec des ambiances musicales déroutantes et dérangeantes à souhait. Un petit détail, toutefois : le son que l’on entend lorsque de nouvelles choses s’écrivent dans le journal est très similaire à celui des missions complétées de Skyrim. Si l’on ajoute à cela que le jeu se joue à la première personne, on a parfois l’impression de jouer à un étrange jeu Bethesda (peut-être plus Fallout que The Elder Scrolls, au vu des thématiques et de l’apparence des monstres…)
Quant à la question de la finition, il n’y a dans ce jeu qu’un seul bug que nous ayons remarqué (et de rares oublis de traductions). Ce n’est pas un bug grave, mais il peut être très agaçant : l’image se fige parfois, vous obligeant à rebooter le jeu. Vous ne perdez fort heureusement normalement rien de votre progression quand cela arrive.
Le jeu coûte 34,99 €, ce qui semble plutôt honnête au vu de la durée et du contenu du jeu. Il est censé durer huit heures, mais il est loin d’être impossible que vous y passiez davantage de temps, car vous allez parfois tourner en rond.
En conclusion
Ad Infinitum n’est pas pour tout le monde… C’est dur, c’est rude, et ce n’est certainement pas un jeu d’action. Ici, vous ne combattez pas les ennemis, vous les fuyez… Mais dans un paysage vidéoludique où des jeux comme Call of Duty créent une image idéalisée de la guerre, Ad Infinitum apparaît comme une douche froide bien nécessaire. Ce jeu, c’est huit heures d’une expérience narrative non-linéaire parfaitement maîtrisée dans les méandres de la psychologie et du traumatisme. Alors certes, il y a quelques lourdeurs dans le gameplay et tout n’est pas parfaitement maîtrisé, mais Ad Infinitum a au moins le mérite de proposer une expérience de jeu dépaysante.
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