C’était sans l’ombre d’un doute l’un des jeux les plus attendus de cette année. Potentiellement, aussi, un énorme fiasco potentiel pour Xbox, après la débâcle Redfall. Le nouveau jeu de Bethesda Softworks (Fallout, The Elder Scrolls) signe toutefois un retour magistral du studio sous le feu des projecteurs.
Décrit par le fondateur de Bethesda Softworks comme le projet le plus ambitieux jamais construit par le studio, Starfield était ce qu’on pourrait appeler un jeu à très fort potentiel, qui était censé être initialement une exclu Playstation. Selon la rumeur, c’est CE jeu qui aurait décidé Microsoft à débourser 8,1 milliards de dollars pour racheter la maison mère du studio.

C’est un fait connu de tous, Microsoft éprouvait il y a quelques années encore de grosses difficultés à proposer des titres first-party – c’est à dire édités en interne – de qualité en nombre suffisant. L’éditeur se reposait continuellement sur le triumvirat Forza – Gears of War – Halo. Face aux succès des productions PlayStation, Microsoft se décide à passer la seconde et annonce le rachat de Bethesda. Une acquisition qui lui permet de mettre la main sur près d’une dizaine de studios de développement et autant de projets en développement.
Seulement voilà, la première exclusivité décrochée, Redfall, n’a pas vraiment fait mouche. C’était même l’un des jeux les plus décevants de 2023. Et beaucoup voyaient déjà le géant américain enchainer avec un second fiasco. Il faut dire qu’avec Fallout 76, Bethesda Softworks avait multiplié les fiascos ces dernières années. Vu l’ampleur du projet – qui a monopolisé pas moins de 500 développeurs et aurait coûté plus de 200 millions de dollars à produire -, Bethesda ne pouvait pas enchainer avec un second fiasco. Et bonne nouvelle pour les fans, Starfield est probablement le jeu de Bethesda le plus optimisé et le moins bugué à sa sortie.

Comme son fondateur ne cesse de le répéter, Starfield est le jeu le plus complexe jamais conçu par le studio. De par sa richesse, sa profondeur mais aussi sa diversité. Car ici, vous ne plongez dans un seul univers mais dans des centaines… Même des milliers de planètes en réalité.
Avant de poursuivre, il convient de définir clairement de quel type de jeu il est question. Starfield n’est pas un “Elder Scrolls de l’espace”. Il hérite certes de certains de ses aspects et on reconnait clairement la patte Bethesda, mais de par l’arsenal à votre disposition et ses mécaniques de gameplay, Starfield se rapproche en réalité beaucoup plus d’un FPS que d’un RPG. Le je au style le plus similaire serait sans doute le très sympathique The Outer Worlds.

Au premier regard, on aurait pourtant pu s’attendre à ce que le jeu de Bethesda se rapproche davantage d’un No Man Sky ou d’un Mass Effect. Mais pas du tout. Starfield est un FPS narratif avec une forte composante RPG, qui offre certes de la liberté dans les actions du joueur, mais qui est beaucoup plus orienté action qu’un No Man Sky. L’exploration est un composant du jeu, mais pas son coeur. A titre d’exemple, les décollages et atterrissages sur les planètes se font de façon automatisée ici. Toute une série de mécanismes ont été simplifiés également par rapport à No Man Sky. Et c’est plutôt une bonne idée en soi quand on sait à quel point ces séquences peuvent devenir rébarbatives après plusieurs heures de jeu…
Starfield est toutefois loin d’être aussi dirigiste qu’un Mass Effect, qui se veut un shooter beaucoup plus linéaire. Tout au long de l’aventure, le joueur se verra proposer des quêtes principales qui lui feront visiter la galaxie et participer à des missions solo très solides. En complément on retrouve un paquet de missions pour diverses factions ainsi que des missions secondaires. Le joueur peut décider sur quelles missions il souhaite se concentrer, ou choisir d’explorer la galaxie, de construire son avant poste ou de s’impliquer dans la vie locale. Et de ce point de vue là, le titre est une franche réussite puisqu’il offre une totale liberté d’action au joueur, bien plus encore que dans un Elder Scrolls ou un Fallout.

Ceci étant dit, il faut bien l’admettre, il est très agréable de se laisser guider par l’intrigue principale, très plaisante à suivre et admirablement rythmée. On débute donc l’aventure dans la peau d’un mineur, qu’on aura eu la possibilité de personnaliser en tout début de partie. Notre personnage est envoyé pour chercher de nouveaux filons de matières premières et se retrouve, sans le savoir, face à un artefact d’une civilisation disparue. Il hérite alors d’un don unique qui lui permet d’intégrer rapidement une communauté d’aventuriers – Constellation. Et très vite, on se prend furieusement au jeu. Les personnages centraux sont nombreux et ont tous une personnalité qui leur est propre. On découvre progressivement leur histoire à travers des dialogues en cours de missions et des missions qui servent souvent justement à nous introduire à de nouveaux protagonistes. Alors oui, ça tire parfois un peu en longueur, mais il faut bien l’admettre, dans Starfield, même les missions secondaires sont généralement captivantes. Et c’est probablement là la plus belle réussite de ce projet, qui nous délivre une expérience unique en nous proposant quantité d’activités dans un univers gigantesque qui ne demande qu’à être exploré.
Pour terminer la quête principale en flânant à gauche et à droite, comptez entre 40 et 100 heures de jeu. Rien que ça. Nombreux seront toutefois les joueurs à dépasser facilement les 200 heures de jeu dans cet univers sans fin.

Là où le jeu surprend carrément, c’est dans ses séquences de gunfights, très solides, qui rappellent souvent un curieux mélange de Halo et de Wolfenstein. C’est agréablement nerveux, technique, souvent ça implique jusqu’à plusieurs dizaines d’unités, parfois de différentes factions, et les sensations sont réellement au rendez-vous. Et très sincèrement, on n’attendait pas vraiment Bethesda à ce niveau.
Comme on l’a dit plus haut, le jeu est très axé action. Ce qui signifie que vous participerez à un tas de gunfights justement. Il y a certes aussi des missions d’escorte, de troc ou des batailles spatiales. Mais globalement, ce sont bien les gunfights et l’exploration qui sont au coeur de l’expérience.
Au passage, on notera que le jeu est plutôt généreux niveau contenus avec un paquet d’armes, d’équipements, de capacités et d’objets à récupérer sur les corps de vos adversaires ou en fouillant placards et coffres. On ressent là la touche Bethesda, avec des tas d’éléments similaires à Elder Scrolls. Chaque objet a ici un poids, une valeur différente, et ils peuvent tous être achetés ou revendus chez des marchands. Comme dans Elder Scrolls aussi, vous gagnerez de l’expérience au fil de vos missions et pourrez débloquer de nouvelles capacités de votre personnage. A ce niveau, Bethesda n’a pas hésité à être original d’ailleurs puisqu’à chaque montée de niveau, vous gagnerez un point qui vous permettra d’obtenir une nouvelle compétence ou d’améliorer une compétence déjà obtenue. Par exemple, augmenter de 10% les dégâts occasionnés à vos ennemis avec une arme à feu, réduire de 10% les charges des vendeurs lorsque vous achetez un objet dans une boutique, etc. etc. La petite touche d’originalité ici vient du fait que justement, pour les débloquer, vous devrez généralement réaliser de petits défis anecdotiques qui vous pousseront à explorer toutes les facettes du gameplay : par exemple, cuisiner.

Comme dans Elder Scrolls aussi, les à-côtés sont nombreux. Il y a toujours plusieurs approches à une situation : l’infiltration, la confrontation voire parfois la persuasion en discutant avec la partie adverse. Comme dans Elder Scrolls, il y a toujours plein de choses à faire : que ce soit crocheter un coffre, se construire un nouveau vaisseau, fonder un avant poste, se lancer à la découverte de la faune et de la flore d’une planète en scannant toutes les espèces recensées… Il y a ici toujours quelque chose à faire ou à voir, et c’est ce qui fait tout le charme de Starfield.
Pour autant, le jeu n’est bien sûr pas parfait. On lui reprochera d’entrée de jeu ses combats spatiaux, qui se réduisent trop souvent à qui a le plus gros vaisseau, sont répétitifs et lassants. On lui reprochera aussi sa bande sonore un peu trop en retrait. Les doublages en français sont excellents, les bruitages aussi, mais ça manque cruellement de thèmes emblématiques. On lui reprochera aussi un univers certes très plaisant, mais qui reste toutefois très stable du début à la fin, et ne nous fait que principalement interagir avec des PNJ humains… C’est un peu dommage que le studio ne nous ait pas fait davantage découvrir d’autres civilisations et espèces. Ceci étant dit, c’est vraiment trouver la petite bête tant Starfield propose un contenu gargantuesque et remplit pratiquement toutes les cases avec brio.
Visuellement, le jeu est une totale réussite. C’est beau parfois à couper le souffle. Certains panoramas sont splendides. Les modifications des visages sont très réussies et on retrouve un paquet d’objets modélisés avec une attention toute particulière. Ceci étant dit, d’autres décors sont moins réussis, en particulier dans les mondes générés procéduralement.
Starfield est également sans l’ombre d’un doute le jeu le mieux fignolé du studio. Le jeu est dans un état optimal dès sa sortie. On rencontrera certes l’un ou l’autre bug, et l’un ou l’autre ralentissement, mais vraiment rien à côté de l’état de Skyrim ou de Fallout 76 à leurs sorties respectives.

Le plus impressionnant reste toutefois le niveau d’attention accordé à cet univers, d’une crédibilité dépaysante. Ici, chaque monde a ses propres règles, ses propres conditions météorologies, sa propre pesanteur. Chaque objet a son propre poids, sa propre valeur, qui variera selon le commerçant chez qui vous tenterez de le revendre. Chaque décision aura aussi un impact. Vous voulez repartir avec plus de butin? Vous pourrez l’emmener avec vous, mais si vous disposez la limite de poids de votre équipement, vous vous fatiguerez plus vite, vous perdrez plus rapidement votre oxygène et serez fortement handicapé dans les combats… Chaque joueur vivra aussi une aventure totalement différente.
Conclusion
Avec Starfield, Bethesda Softworks livre sans doute son jeu le plus abouti à sa sortie, et incontestablement un sérieux candidat au titre de “jeu de l’année”. Prenant, du début à la fin, avec son intrigue solide, d’une richesse inégalée avec ses centaines de mondes à explorer, fun dans ses combats qui n’ont rien à envier à un Wolfenstein, Starfield offre une expérience de jeu véritablement unique qui mélange brillamment séquences de shoot, d’exploration et éléments tirés de jeu de rôle. Il en ressort un curieux cocktail de genres qui nous rappelle souvent un certain The Outer Worlds, mais qui se montre beaucoup plus ambitieux. Car ici, vous pourrez décider comment se déroulera votre aventure. Deviendrez-vous un explorateur de Constellation ou choisirez-vous de rejoindre les rangs d’une faction? Explorerez vous le monde ou concentrerez-vous votre vie de voyageur galactique à construire une base à à nouer des liens avec les locaux? Dans Starfield, vous pourrez décider de votre façon de jouer. Le nouveau jeu de Bethesda est une réussite à presque tous les niveaux. Une fois le pad pris en main, difficile de le lâcher.
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