Test – Stray Blade : un Souls-like qui peine à concrétiser ses idées

Développé par un tout petit studio allemand, qui signe avec ce projet sa première création, Stray Blade était pourtant l’un des projets de souls-likes parmi les plus ambitieux du marché. Edité par 505 Games, il n’aura toutefois que très peu fait parler de lui…

Les Souls-likes ont la cote. Depuis quelques mois, les clones d’Elden Ring se multiplient. Certains sont plus ambitieux que d’autres. Et parmi la multitude de titres sortis ces 12 derniers mois, Stray Blade était probablement l’un des projets les plus ambitieux que nous ayons croisé, malgré son micro-budget. Car de facto, il ne s’agit pas d’un titre développé par un gros studio mais par une toute petite équipe.

Visuellement, le jeu a son propre style.

L’agenda du studio était chargé puisqu’il entendait nous proposer un mélange de metroidvania et de souls-like dans un semi-open world, avec un vaste univers à explorer, une vraie trame narrative, un arsenal varié, un gigantesque bestiaire… Si le studio est parvenu à insuffler de la vie dans son jeu, à développer son univers et à introduire quelques très bonnes idées au niveau du gameplay, on ne va pas vous mentir, le titre tient assez mal la comparaison avec les plus grosses productions.

Esthétiquement tout d’abord, s’il a sa propre patte graphique, qui lui va plutôt bien, on n’est pas face à une claque mais un double-A “correct” visuellement. Quelques effets visuels sont sympas, les paysages sont réussis, mais on a plus l’impression d’être sur un jeu d’ancienne génération que sur un titre “new-gen”.

Par certains de ses aspects, Stray Blade rappelle parfois Amalur.

Côté narration ensuite, si le studio arrive à joliment développer son univers et tout le lore qu’il y a autour, le scénario du jeu n’est guère très palpitant. On est face à du vu et du revu dans un univers fantaisiste très classique et surtout niveau mise en scène, c’est très minimaliste avec des cut-scenes animées de façon assez pauvre. Le lore est intéressant, mais il faudra s’y plonger.

Au niveau de la structure aussi, c’est la déception. Si vous vous attendiez à un open-world vous serez déçu. Car le jeu est en réalité très linéaire, avec certes des raccourcis à la metroidvania et des morts punitives, qui vous obligeront à recommencer depuis le début à chaque fois. Autant dire que si vous n’êtes pas du genre persévérant, vous allez lâcher très vite le pad. Et vu la difficulté du titre, il est fort probable que vous serez très vite agacé, car même en “normal”, le titre peut s’avérer hardcore. Plus qu’un Sekiro? Sans doute pas, car il n’exige pas une si grande excellence, mais c’est plutôt le manque de précision des commandes qui est à pointer du doigt.

L’univers du jeu a son charme.

Car vous l’aurez très vite remarqué, les commandes sont loin d’être irréprochables. Lors des combats, certains coups pourront être parés, d’autres pas. Auquel cas il faudra éviter le coup par un déplacement latéral. C’est la couleur de l’aura qui entoure l’arme de votre adversaire qui définira la marge à suivre… Si elle est rouge, il faudra éviter le coup, si elle est bleue, vous devrez le parer. Facile, à priori. Dans la pratique toutefois, on observe souvent que même avec un excellent timing on encaisse un coup sans trop savoir pourquoi ni comment… La hitbox et le comportement de l’adversaire sont très imprévisibles. Et dans ce genre de jeu, difficile de faire plus agaçant.

Autre problématique : il y a beaucoup d’infos à digérer pour les nouveaux venus. Stray Blade, malgré son côté “enfantin”, s’adresse à un public de passionnés. Les combats sont fatigants, compte tenu du nombre de PV de vos adversaires, l’arsenal est extrêmement varié, ce qui fait qu’il faudra passer du temps à le maîtriser, les boss sont coriaces et il faudra se plonger pas mal de temps dans les menus pour progresser et faire progresser son arsenal…

Les combats sont exigeants et très frustrants.

On retrouve en réalité dans ce jeu des éléments qui semblent s’être inspirés de toute une série d’autres productions… Côté style graphique, Stray Blade s’inspire assez ouvertement d’un Amalur, côté gameplay, on est plus proche d’un action-RPG à l’Absolver. Et puis, il y a le style qui s’inspire des souls-likes. Un cocktail de genres qui marche… à moitié.

Clairement, il s’agit d’un jeu qui nécessitera un gros investissement du joueur. Car ici, rien n’est pensé pour le débutant. Les menus sont surchargés d’infos et peu ergonomiques, les combats tactiques, le jeu punitif et pour ne rien faciliter, la jouabilité manque de précision. Cela ne veut toutefois pas dire pour autant qu’il s’agit d’un mauvais jeu.

En réalité, l’idée derrière est excellente. Ce qu’on reproche à ce titre, c’est son manque de finition avec un paquet de bugs et de plantages rencontrés durant notre périple, et l’imprécision des commandes. On le sent, les développeurs ont été trop gourmands. Ils ne sont pas parvenus à concrétiser toutes leurs idées et se sont un peu emmêlés les pinceaux. Asterigos a suivi un chemin similaire, en visant un public plus large. Les fans du genre pourraient donc y trouver un certain plaisir, pour peu qu’ils ne soient pas trop exigeants, car en définitive c’est bien au niveau de la finition, de la précision des commandes et d’un certain manque de profondeur du gameplay qu’on a à redire, pas au niveau du lore, du style ou de l’univers. Car Stray Blade offre une expérience riche, avec un contenu généreux et un style graphique unique. Le jeu n’aura en ce sens aucun mal à se forger une petite communauté de fans.

Conclusion

Sorti de nulle part, Stray Blade est un curieux mélange de Souls-like et de metroidvania qui ne prend qu’à moitié. Si son univers riche, son contenu généreux et sa patte graphique ultime séduisent, on a beaucoup de mal à fermer les yeux sur la finition très moyenne du jeu, ses menus grossiers et son gameplay qui manque de précision. Le jeu a certes un lore formidable mais n’est pas très accessible et peut se montrer très frustrant. Malgré son style graphique, il ne s’adresse d’ailleurs pas vraiment à des débutants mais plutôt des joueurs confirmés… A condition de fermer les yeux sur ses vilains défauts, les amateurs de souls-likes y trouveront toutefois néanmoins leur compte.

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